• Odyssice - Silence (2010)

    CinémaCinémaDix ans auront passé entre la sortie de Impression et celle de Silence, le troisième et dernier album en date de Odyssice paru en 2010. Quoique le groupe n'ait jamais cessé d'exister, le délai qui s'est écoulé entre les deux albums s'explique par une vie personnelle bien remplie et la construction d'un studio d'enregistrement.

    Pour l'occasion, le groupe a soigné le livret et notamment la couverture. Le choix s'est porté sur une magnifique photo où des arbres en habit d'hiver forment une voûte au-dessus d'un chemin couvert de neige. Un canapé rouge a été placé numériquement le long de ce chemin où on s'attendrait davantage à voir un banc. L'association entre le gris du décor et le rouge du canapé est une totale réussite artistique. Enfin, on remarque un casque audio posé sur le canapé. Toutes les interprétations sont possibles en l'absence d'explications du groupe sur les aspects symboliques du montage. On peut y voir l'invitation à écouter l'album en mettant un casque pour mieux profiter de la musique, sans les bruits environnants et pour que le son aille directement dans les oreilles.

    Selon Odyssice, le titre de l'album fait référence aux différents formes que prend le silence dans la nature. Il serait spécifique en fonction de l'endroit où on se trouve, qu'on soit au bord d'un lac, dans le désert ou à la montagne. En regardant la pochette, on pense au silence caractéristique d'un paysage enneigé où le grand manteau blanc étouffe les sons. C'est autour de cette idée que le silence aurait plusieurs couleurs que chacun des morceaux de l'album ont été pensés. Enfin, le titre de l'album est un clin-d’œil à la longue période qui s'est écoulée depuis la parution de Impression dix ans plus tôt.

    CinémaIl apparaît que Silence est le fruit d'un travail collectif alors qu'un nouveau bassiste, du nom de Peter Kosterman, vient rejoindre le groupe. Au final, c'est un album de cinquante-quatre minutes et constitué de sept titres que le groupe propose : 21 (8:06), Memento (6:07), Chinese Waters (7:12), Colours of Silence (6:49), Flags without a Heart (9:13), Continental Motion (10:38) et Swank (5:45). Chacun des musiciens excelle dans son domaine. Bien entendu, Bastiaan Peeters montre à nouveau toute sa classe avec sa guitare dont les soli provoquent un état proche de l'extase. Il est l'égal des plus grands tels David Gilmour (Pink Floyd) et Andy Latimer (Camel) par sa capacité à faire s'épanouir jusqu'au plus profond de l'être des sensations de plénitude qu'on souhaiterait s'éterniser. Jeroen van der Wiel est un digne successeur de Tony Banks. Son jeu évoque en effet Genesis. Jeroen est parfaitement outillé avec son piano, son mellotron, son orgue et ses synthétiseurs pour varier les climats et participer à l'élaboration d'ambiances propices à l'évasion et au rêve. La section rythmique est également d'un excellent niveau, tant le bassiste Peter Kosterman que le batteur Menno Boomsma.

    21 et ses rythmes syncopés évoque Genesis comme à la grand époque. L'ambiance est grave voire mystique avec la présence régulière de chœurs synthétiques majestueux qui répondent aux arabesques de la guitare de Bastiaan Peeters. A mi-chemin, la batterie se met en veille et un synthé joue un thème nostalgique avec des sons de haut-bois en duo avec un autre clavier. Puis Bastiaan, sur des synthés cosmiques, vient délivrer un solo de guitare poignant comme il en a le secret. Le « haut-bois » et les « chœurs » concluent 21.

    Sur Memento, la guitare sait se faire plus mordante tandis que les synthétiseurs occupent une place de choix par leur présence et les soli. Le fait que Jeroen van der Wiel en soit l'auteur n'y est sans doute pas étranger. Le climat est globalement tellurique entrecoupé de courtes séquences où la guitare se fait plus lumineuse.

    Chinese Waters se caractérise par une première partie dont les sonorités évoquent l'extrême-orient à commencer par le aum dont il était question sur l'album précédent. Un synthé vient de façon répétitive jouer le son d'un instrument traditionnel asiatique tout au long de cette première partie. Puis la basse et des synthés aériens et enveloppants occupent à leur tour le devant de la scène. La guitare électrique de Baastian Peeters pointe le bout de son manche pour jouer le premier rôle avec un très beau solo dans un halo de synthétiseurs.

    CinémaColours of Silence est introduit par des claviers puis par la guitare électrique de Bastiaan Peeters qui vient broder un solo langoureux sur des nappes d'orgue. Le tempo est lent et l'ambiance est mélancolique. Colours of Silence devient plus rythmé s'accentue en changeant de direction mélodique. La guitare mordante de Bastiaan mène la danse sur fond d'orgue et de synthés. Le bassiste et le batteur sont particulièrement brillantes. Le morceau se termine par quelques effets à la guitare.

    Flags Without a Heart qui signifie « drapeaux sans cœur » fait référence aux drapeaux dont la partie centrale représentant une étoile rouge avait été découpée par les peuples qui s'était libérés de la tutelle soviétique lorsque le mur de Berlin est tombé. On se souvient plus particulièrement du drapeau roumain qui faisait figurer les armoiries du régime communiste (et notamment l'étoile rouge). Ce même drapeau roumain avait été découpé en son centre par les révolutionnaires en 1989 lors de la chute de Ceausescu.

    Les trois première minutes de Flags without a Heart débutent au piano, à la basse et à la guitare acoustique. Le tempo est lent au cours de cette introduction qui baigne dans la mélancolie. Le bruit du vent puis des synthétiseurs annoncent un changement de thème joué alternativement à la guitare électrique et à l'orgue. Une guitare plus mordante enchaîne les notes sur fond de synthétiseurs aériens. La batterie se met au repos et le piano joue seul quelques notes avant d'être rejoint par la guitare. Celle-ci entame son festival accompagnée au piano et aux synthétiseurs. Comme il en a le secret, Bastiaan Peeters montre, au cours de cette conclusion nostalgique, tout son génie pour extraire de sa six cordes des sons d'une indicible beauté au service de mélodies magnifiques dont Odyssice est coutumier.

    Continental Motion débute sur un tempo moyen avec des claviers très présents qui rivalisent avec la guitare aux sonorités incisives. Au bout de trois minutes, une ambiance solennelle est créé par de très beaux chœurs de synthèse grâce aux claviers de Jeroen van der Wiel. Le tempo s'accélère et à nouveau la guitare et les claviers se répondent mutuellement. Un mellotron et une flûte entament un duo plein de grâce tandis que la musique ralentit. Puis la guitare et l'orgue prennent le relai. La guitare et les synthétiseurs se la jouent solo chacun leur tour.

    Swank démarre en fanfare avec des synthés tourbillonnants et une guitare rythmique. Le climat s'apaise avec l'arrivée d'un mellotron et d'une guitare chantante avant le retour du thème initial en forme de cavalcade où on note aussi l'apparition de l'orgue. Au cours des trois dernières minutes, le tempo ralentit et Bastiaan Peeters joue un solo de guitare bluesy et langoureux sur une toile de synthés aériens.

    Odyssice - Flags without a Heart (9:13) :

    Le clip ci-dessous est l'occasion de voir le groupe Odyssice en concert en train de jouer le très beau Chinese Waters. Les images montrent surtout le spectaculaire Menno Boomsma et son jeu très subtil à la batterie et aux diverses percussions. A l'inverse, Bastiaan Peeters, dont les soli emportent tout sur leur passage, fait preuve d'une étonnante stoïcité sur scène.

    Odyssice - Chinese Waters (7:04) :

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